Parmi les destinations touristiques à l´Ouest-Cameroun dont la découverte ne peut être complète sans un authentique accompagnement culturel, Bangoua est une destination privilégiée. Entre légendes et histoires, dévotion et soumission, Bangoua, recèle maints visages aux multiples énigmes. Nous sommes dans le département du Ndé. L´écrin naturel de cette région endormie stimule l´imagination. Entre les forêts sacrées, on aperçoit régulièrement les toits pyramidaux des chefferies. Les chefferies traditionnelles sont l’âme de cette région, avec leurs légendes et leur histoire, leurs rois polygames et leurs sociétés secrètes, leurs rites de succession, leurs cérémonies publiques et leurs mystères. Avec sa légendaire tradition d’accueil, son art pictural, sa culture authentique et envoûtante, la variété de son paysage, son musée, ses chutes, ses grottes, ses rites initiatiques et cérémonies funéraires, Bangoua bénéficie d’un potentiel touristique extraordinaire à découvrir.
Véritable conservatoire d´arts et d´histoire, d´une incroyable diversité, Bangoua fonde son identité sur des mythes et légendes qui en font une chefferie fascinante. En parcourant le village, on tombe sous le charme d’un roi à l´hospitalité légendaire. On s’extasie devant la somptuosité du palais royal. Certains monuments du palais ont payé le prix fort à la violente logique des guerres de libération entretenue dans un affreux tourbillon destructif. Fort heureusement des adversaires, un peuple de guerrier, ont ressui à voler avec succès au secours de ce patrimoine. Les autres beaucoup moins touchés, ont pu être restaurés et réhabilités. Quoi qu´il en soit cette considérable richesse passionne.
Cette chefferie complexe, riche d’une très longue histoire mériterait sans nul doute une description plus exhaustive. Nous laissons cette tache aux bons souhaits d’auteurs plus érudits. Ici comme ailleurs, il faut être attentif aux récits de la fondation de cette chefferie. Fo´o jockvup: Un nom, une légende, un destin. Au départ, il terrasse un monstre, il trace un périmètre, il se met à labourer, il fonde une dynastie et sort de la forêt pour échapper aux bêtes, et surtout pour se distinguer d’elles, mais sans tout à fait se séparer. Alors l´exposé de Honoré Tchatchouang, Directeur du musée Bangoua, peut enchanter les mémoires et se transmettre sans fin. Pas besoin que ce soit au mot près, si l’essentiel est dit. La chefferie Bangoua est fondée par un chasseur nommé Fo´o Djockvup.
Mais quelle fascination devant la richesse de ce patrimoine que la nostalgie de l´homme moderne nomme authenticité!
De génération en génération, les rois qui passent au Palais royal de Bangoua , exploitent les mêmes connaissances, véhiculent les mêmes messages, défendent les mêmes valeurs. Le souverain de ce palais mythique a diverses responsabilités dont la plus importante est la protection du peuple et de ses biens. Et si le jeune roi actuel tout comme ses prédécesseurs est sommé de vivre en contre bas , c’est que ses allées et venues ne doivent pas être exposées à la vue de tous, c’est aussi qu’il doit être à l’orée du bois sacré dont il est le gardien. La chefferie Bangoua ce sont les villageois et les élites qui la font vivre. D’abord en offrant des cochons, des chèvres, des meilleures récoltes, du bois ou des journées de travail pour réparer un mur ou refaire un toit, ensuite parce que les notables assistent le roi par le biais des sociétés secrètes, enfin parce qu’une élite, au sens propre du terme, joue le rôle d’un conseil élargi.
La contrepartie, c’est que le jeune monarque éclaire les habitants, règle des problèmes pour eux, joue son rôle en appliquant le droit coutumier, recherche des partenaires et des financements pour les projets d´amélioration des conditions de vie, défend les intérêts des populations auprès de l´Etat et des politiciens, trouve des emplois pour les jeunes, organise des activités pour les distraire et les accompagner dans le choix de la responsabilité.
En tout cas, il sait donner une dimension émotionnelle à son métier de roi. Il se doit aussi de maintenir la chefferie dans tous ses droits, immunités et privilèges. Par devoir d´un bon roi, il est obligé de soulager son peuple. Entouré des serviteurs et des élites forts capables d´une entière fidélité, il lui revient encore de discerner à quoi chacun d´eux est propre pour les employer selon leurs talents tout en prenant garde que chacun d´eux soit persuadé qu´il a le dernier mot.
Debangoua Tchatchouang (IciBangoua – Germany).