L’immense histoire de la cosmogonie BANGWA nous apprend que FOH NONO TCHOUTOUO, célèbre fondateur de la fête du MACABO et arrière-grand-père du Roi actuel FOH DJAMPOU TCHATCHOUANG Anick Julio, fut déporté à Dschang (Chefferie Foto) par l’administration coloniale de l’époque le 18 Décembre 1931. Il y séjourna pendant 18 ans de sa vie, loin de son peuple ! Pourquoi donc MACABO !!!??? Pourquoi pas PATATE !!!??? Pourquoi pas MANIOC… !!!??? Un éclaircissement mérité d’être apporté ! Quoiqu’il en soit, il se dit que ceux qui avaient œuvré pour le retour d’exil de FOH NONO TCHOUTOUO étaient des fils et filles BANGOUA alors basés dans le Moungo et qu’ils lui apportaient constamment du MACABO durant cette période de déportation ! Il leur fut reconnaissant et leur aurait donné le nom de ‘’Peuh MAKABOU’’ c’est-à-dire ‘’Les gens du MACABO’’. Dès son retour, il célébra la première édition du MACABO en Février 1949. Dès lors, cette fête est restée une identité, mieux un patrimoine historique pour les Bangoua.
En cette célébration du MACABO 2017, il nous a semblé utile et même nécessaire de retracer cet historique synoptique, qui pour nous est une transition vers cette denrée dont le nom à lui seul reste et restera fort évocateur pour nous les Bangoua. En effet, au fil des célébrations de cette grande kermesse culturelle, l’aspect agronomique de ce tubercule semble être mis en marge.
Le macabo (Xanthosoma sagittifolium (L.)) est un tubercule très apprécié et consommé par les populations du Cameroun en général et Bamiléké en particulier. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, à Bangoua, le macabo a toujours joué les seconds rôles dans les exploitations agricoles. Il est presque toujours associé aux autres cultures (maïs, haricot, arachide…). En monoculture, il donne de bons rendements. Sa culture requiert pour ce fait un climat chaud et humide, une température au delà de 20°C, une pluviosité entre 1500 et 2000 mm/an et un minimum d’ombrage. De plus, le sol doit être profond, léger, légèrement acide (pH entre 5,5 et 6,5), bien drainé et riche en matières organiques. Sa culture peut se faire sur un sol où un labour profond et avec formation des buttes (sur terrains simples) ou billons (sur terrains humides de bas-fonds) a été effectué. La multiplication du macabo est asexuée et se fait par bouturage des fragments de tige, du tubercule-mère ou des tubercules entiers. Ces derniers doivent avoir un poids supérieur ou égal à 150 g (10 à 15 cm de long). 2-3 tonnes de semences sont requises par hectare. Une profondeur de 15 cm est recommandée dans les buttes ou les billons lors du semis. Avec une distance de semis de 80 x 80 cm, l’exploitant agricole pourra avoir une densité de plus de 15.600 pieds de macabo/ha. La période de production dure entre 9-12 mois. Durant les 3 premiers mois, 2 sarclages associés au buttage sont recommandés. Si on connait très peu de ravageurs sévères du macabo, il n’en demeure pas moins vrai que la pourriture racinaire (mycose causée par Pythium myriotylum) constitue une réelle menace pour les agriculteurs. Une fumure organique (déchets de cuisine, fientes, feuilles mortes enfouies) de même qu’un apport d’engrais minéraux améliorent significativement les rendements. Dans ce dernier cas, on appliquera pour un hectare 100 kg de potassium (K), 65 kg d’azote (N) et 50 kg de phosphore (P). La récolte des premiers tubercules commence dès le 9ème mois à partir du semis et se poursuit jusqu’au 12ème mois. L’indicateur de la maturité est le vieillissement et le flétrissement des feuilles âgées. A l’aide d’une houe, d’une machette ou d’un plantoir, on fouille délicatement autour du tubercule central pour identifier et détacher les tubercules secondaires matures. Ceux immatures sont laissés en terre, recouverts pour continuer leur croissance, ou pour servir de semences pour la prochaine campagne. Il faudra éviter au maximum de blesser les tubercules de macabo durant la récolte ; ceci réduit les chances de conservation du produit tout en diminuant sa valeur marchande ! Lorsque l’itinéraire technique cultural est respecté, le rendement est estimé à 20 tonnes de tubercules comestibles/ha.
N’ayant pas la prétention d’avoir tout élucidé sur ce tubercule de notre histoire, nous rappelons que l’Agriculture représente une part essentielle de l’économie chez les Bangoua. C’est pourquoi nous recommandons vivement la modernisation de sa production chez nos vaillantes populations en quête permanente de développement et dont le promoteur est S.M. DJAMPOU TCHATCHOUANG Anick, Grand Visionnaire.
Bonne fête du MACABO à tous et à chacun !! Agronomiquement…
Par Tièdja’Pou NGANSOP NONO Frédéric, Ingénieur Agro-zootechnicien, Professeur des Lycées Techniques d’Agriculture