LE SEJOUR AU NLAH-NKWAK
Le Roi, après son « arrestation » doit subir neuf semaines d’initiation au Nlah-Kwak. La formation en ces lieux est une longue messe faite de rites précis. En plus des leçons de commandement et d’instruction civique, différentes épreuves cultivent chez le futur souverain, le sens de l’endurance, de la privation, du renoncement à soi-même, du courage, de l’honneur et du sacré. L’ingurgitation du Mbah (potion douée de vertus protectrices contre toutes les pratiques magiques) et le port du bracelet de cuivre (insigne principal du pouvoir royal) constituent les moments forts de cette formation.
LE NLAH-NKWAK ET LE CONFORT
Contrairement aux fastes du palais, le Nlah-Nkwak est constitué de petites cases inconfortables bâties en nattes et disséminées dans un endroit mal entretenu chez Tefôh Daggong.
Pour devenir Roi, l’héritier doit, pendant neuf semaines (semaines de 8 jours dans notre calendrier traditionnel), subir des rites particuliers, des initiations et de dures épreuves qui consistent à :
– l’enduire du Pwe (une crème rouge)
– l’habiller d’une cagoule en mauvais tissus (Nkieue)
– l’asseoir sur un vulgaire tronc de bananier
– l’installer dans une petite case très peu confortable loin du somptueux palais.
Sont également admis au Nlah-Nkwak outre le Nkoupouh qui subit les mêmes rites jusqu’à un certain niveau de l’initiation, la Mieuh-ngheu-Nguep, la Djui-nkap, le Ntè fôh et la Nwouh-Nkouoh.
INTÉRÊT DU NLAH-NKWAK
Le futur Roi, pendant son séjour au NLAH-KWAK, est initié aux pratiques magico-religieuses par les plus grands voyants et féticheurs du village dont la plupart sont les membres de la confrérie du NKOU-NGACK. Il est constamment entouré de deux agents de sécurité cagoulés (les Fe-fe). L’inconfort des neuf semaines de réclusion lui rappelle les conditions dans lesquelles vivent les habitants les plus démunis, afin qu’il n’en ignore. Pendant ces neuf semaines, il doit apprendre à devenir très humble, pieux, impartial et équitable. Tout est fait pour tuer en lui l’orgueil et l’égoïsme du prince de peur qu’il ne devienne un tyran.
« Seules les lumières reçues au Nlah-Nkwak peuvent éclairer la navigation dans un espace de confusion entre la magie, la politique et la religion. Sans l’onction du Nlah-Nkwak, le prince, même très charismatique, ne saurait se prévaloir d’aucun pouvoir. »
Durée du séjour au Nlah-Nkwak
Le séjour du futur Roi au Nlah-Nkwak dure neuf semaines pendant lesquelles de nombreuses jeunes filles sont mises à sa disposition, parfois par la force. Au moins l’une d’entre elles doit se retrouver enceinte au cours de ces neuf semaines. Donc l’un des buts des neuf semaines de réclusion, outre les rites initiatiques, est de permettre au futur Roi de prouver ses aptitudes génitrices, car la stérilité loin d’être un accident physiologique, est un déshonneur, une malédiction des ancêtres. Or pour un Roi, l’inaptitude de procréer peut concourir au bouleversement de l’ordre successoral du trône et amener les troubles dans le Groupement. Afin d’éviter que le peuple ne doute de l’opportunité de la désignation du Roi pur-sang, le postulant ne peut quitter le Nlah-Nkwak tant qu’aucune femme n’a conçu à l’issue des neuf semaines. Pendant ce temps, les femmes du village ne peuvent utiliser la houe pour le labour. Actuellement, pour des raisons économiques, dans certains Groupements, parfois, le futur Roi sort quand même du Nlah-Nkwak à l’issue des neuf semaines, même si aucune épouse n’a conçu. Les habitants du village alors murmurent tout en gardant espoir qu’un enfant naîtra, car un règne sans enfant est un règne maudit.
Enseignement réalisé Mwemboh Mbeuhgouok Docteur Jouonang Lucas.